Pierre-Cyrille Hautcœur : « La France est un pays riche depuis la Gaule romaine ! »
De l’homme de Néandertal à Bruno Le Maire, comment écrire une histoire économique de la France sur le temps long, surtout quand les illustres Fernand Braudel et Ernest Labrousse s’y sont déjà attelés il y a quelques décennies ? C’est un tel ouvrage, riche et passionnant, que Pierre-Cyrille Hautcœur et Catherine Virlouvet ont coordonné pour placer l’économie française dans la perspective d’une « histoire science sociale ».
Les nombreux auteurs et autrices interrogent nos particularismes nationaux supposés, telle la prégnance de l’Etat sur l’économie, identifient les origines de la question de la dette au Moyen Age, ou mettent en évidence les divergences entre périodicités politique et économique. Ils rappellent aussi les innombrables richesses françaises…
Avec nous, Pierre-Cyrille Hautcœur décrit aussi, en économiste et historien, les liens parfois étroits, parfois distendus ou conflictuels, entre les deux disciplines. Une histoire économique et sociale. La France, de la Préhistoire à nos jours renouvelle et enrichit ces liens, en plus de proposer un grand voyage à travers la Gaule romaine, la France révolutionnaire ou celle des guerres du XXe siècle.
Le prédécesseur de votre livre, c’est l’immense travail en plusieurs volumes des années 1970, dirigé par Fernand Braudel et Ernest Labrousse. Pourquoi n’y a-t-il pas eu de projet comparable depuis ?
Pierre-Cyrille Hautcœur : D’abord, parce que c’était un très bon livre et que ça ne se remplace pas facilement ! C’était la génération des grands maîtres des Annales. Mais surtout, la raison principale…
De l’homme de Néandertal à Bruno Le Maire, comment écrire une histoire économique de la France sur le temps long, surtout quand les illustres Fernand Braudel et Ernest Labrousse s’y sont déjà attelés il y a quelques décennies ? C’est un tel ouvrage, riche et passionnant, que Pierre-Cyrille Hautcœur et Catherine Virlouvet ont coordonné pour placer l’économie française dans la perspective d’une « histoire science sociale ».
Les nombreux auteurs et autrices interrogent nos particularismes nationaux supposés, telle la prégnance de l’Etat sur l’économie, identifient les origines de la question de la dette au Moyen Age, ou mettent en évidence les divergences entre périodicités politique et économique. Ils rappellent aussi les innombrables richesses françaises…
Avec nous, Pierre-Cyrille Hautcœur décrit aussi, en économiste et historien, les liens parfois étroits, parfois distendus ou conflictuels, entre les deux disciplines. Une histoire économique et sociale. La France, de la Préhistoire à nos jours renouvelle et enrichit ces liens, en plus de proposer un grand voyage à travers la Gaule romaine, la France révolutionnaire ou celle des guerres du XXe siècle.
Le prédécesseur de votre livre, c’est l’immense travail en plusieurs volumes des années 1970, dirigé par Fernand Braudel et Ernest Labrousse. Pourquoi n’y a-t-il pas eu de projet comparable depuis ?
Pierre-Cyrille Hautcœur : D’abord, parce que c’était un très bon livre et que ça ne se remplace pas facilement ! C’était la génération des grands maîtres des Annales. Mais surtout, la raison principale tient à la crise qu’a vécue la discipline. La tradition des Annales, de l’histoire quantitative, qui empruntait à l’économie les comptes nationaux, les séries longues, tout en restant ancrée dans l’histoire, a été doublement contestée. Du côté des économistes, par la « nouvelle histoire économique » américaine qui plaçait au centre la théorie des prix et le raisonnement microéconomique, supposés valables partout et toujours, l’histoire n’étant plus qu’une masse de cas d’application de ces théories. Et, du côté de l’histoire, par la critique de la quantification, de l’anachronisme des concepts économiques et la mise en avant des perceptions et des mentalités comme terrain d’étude privilégié.
« Les historiens se sont de moins en moins intéressés à l’économie et les économistes........
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