Comment améliorer et donc mieux légitimer l’aide publique au développement ...
À l’occasion de l’arrêt temporaire de l’Aide américaine décidée par le Président Trump et des dégâts humanitaires que cette décision engendre déjà, face aux polémiques qui se font jour sur la pertinence et l’efficacité de l’aide française au moment où ses crédits 2025 sont en baisse de 15 %, au moment où l’agence française de développement fait l’objet d’attaques sur les fondements de son intervention (la pertinence de ses projets et l’utilisation de l’argent public), il n’est pas inutile d’essayer de décrire les contours de ce qu’est et pourrait être les contours d’une véritable politique de solidarité internationale, éthiquement et humainement responsable. Dans ce contexte, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, vient d’ailleurs de lancer opportunément une commission d’évaluation de l’aide publique française afin de faire le point sur son impact réel.
En 2024, l’aide publique au développement (APD) de la France représente 15 milliards de $, sur un montant total de 223 milliards de $ selon les statistiques officielles du comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE qui regroupe et comptabilise les efforts des 32 plus grands donateurs du monde occidental. À la différence de la plupart des donateurs qui ne pratiquent que le don (États-Unis avec l’USAID, Royaume-Uni, pays nordiques…), quelques donateurs comme la France, l’Allemagne et le Japon mélangent le don et le prêt d’aide publique au développement, d’où la place importante prise dans le dispositif français par l’agence française de développement (AFD) qui intervient à 85 % en prêt et à 15 % en don.
Depuis l’adoption des objectifs du développement durable (ODD) en 2015 pour la période 2015-2030, les grands objectifs de l’APD sont au nombre de deux : un objectif traditionnel de lutte contre la pauvreté par le développement économique, un objectif de développement durable par la prise en compte de la thématique environnementale dans les appuis aux pays en développement.
Au-delà de son volume, la qualité, l’efficacité, la légitimité de l’aide publique au développement d’un pays peut s’apprécier selon de multiples critères : des critères d’efficacité sur le terrain en matière de solidarité internationale ce qui fonde l’essentiel de la raison d’être de cette politique publique, des critères de soft power pour le pays donateur, des critères commerciaux de taux de retour sur les entreprises du pays donateurs. Dans l’analyse qui suit, nous nous limiterons à apprécier le critère d’efficacité sur le terrain de l’aide française en matière de solidarité internationale, en essayant de répondre à trois questions.........
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