Monsieur le Premier ministre,

Votre initiative d’ouvrir un nouveau cycle de réflexion sur la décentralisation intervient au moment où la cohésion nationale exige de renouer avec l’esprit de confiance qui avait présidé aux premières lois de décentralisation.

« La France a eu besoin d’un pouvoir fort et centralisé pour se faire ; elle a aujourd’hui besoin d’un pouvoir décentralisé pour ne pas se défaire » : la phrase de François Mitterrand, garde toute sa force si l’on veut redonner sens à l’action publique et, singulièrement, à l’action publique décentralisée.

La contribution que nous avons souhaitée vous adresser, au nom du Département de la Nièvre, n’a évidemment pas la prétention de dresser une architecture complète de la décentralisation.

Elle est d’abord celle d’un département rural qui en dépit de l’absence de leviers fiscaux et dans un contexte d’asphyxie budgétaire tente malgré tout d’innover et d’expérimenter, convaincu que la décentralisation se vit avant tout comme une méthode : c’est une organisation publique qui doit d’abord partir des besoins des citoyens, s’adapter aux réalités locales et construire ses politiques avec les acteurs du terrain et les autres collectivités locales.

Car il est vrai que nous sommes aujourd’hui dans un moment pauvre de la décentralisation : l’imaginaire collectif qui l’accompagnait s’est abîmé, la puissance d’agir locale s’est affaiblie, et les outils concrets qui la faisaient vivre – au premier rang desquels la politique contractuelle – ont été progressivement abandonnés. Retisser ce lien entre l’État et les territoires suppose donc de retrouver un souffle, de replacer l’expérimentation et la coopération au cœur du pacte républicain.

Plutôt que d’additionner les analyses, nous avons voulu mettre en lumière quelques idées simples mais éprouvées, tirées du terrain, qui traduisent une conviction : c’est par l’innovation locale, l’expérimentation concrète et la confiance redonnée aux citoyens comme aux territoires que pourra s’ouvrir un nouvel acte de décentralisation, plus utile, plus lisible et à la hauteur des attentes du pays.

Partir des besoins : innover et expérimenter

Dans la Nièvre, nous avons pris le partir de vivre la décentralisation comme une méthode : partir des besoins, écouter, expérimenter, évaluer, ajuster.

C’est tout le sens de la démarche « Imagine la Nièvre », qui a associé plus de 5 000 habitants à la construction des politiques publiques départementales.

Conçue non comme une simple consultation mais comme une véritable fabrique collective, un dialogue direct avec les citoyens, elle a permis de reconnecter l’action publique au vécu des nivernais et de faire émerger des solutions concrètes : comités locaux pour l’emploi, projets d’énergie citoyenne, épiceries associatives, coopérations agricoles, initiatives intergénérationnelles…

Cette méthode illustre la manière dont nous imaginons la décentralisation et le rôle des collectivités locales : une organisation publique qui s’adapte aux besoins des citoyens et construit ses politiques avec les acteurs du terrain.

Dans le prolongement de cette approche participative, nous avons fait le choix de l’expérimentation et de l’innovation comme levier d’action.

Le dispositif Territoires zéro chômeur de longue durée en est un........

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