Hôtels « No Kids », vacances « Adults Only » : quels enjeux sociaux derrière l’exclusion des enfants ?
Au-delà du buzz médiatique, que représentent vraiment les offres de tourisme sans enfants ? Passés les discours marketing des uns et les indignations des autres, la situation et les motivations sont plus complexes que l’image fantasmée. Si elles interrogent la place des enfants dans notre société, ces nouvelles offres révèlent également des problèmes sociaux de fond. Nous pouvons essayer de les comprendre, plutôt que simplement les condamner.
Printemps 2024, la presse française découvre les loisirs « adults only ». Reprenant une tendance des destinations touristiques ensoleillées (Mexique, Thaïlande, Espagne), des hôtels, campings et sites de vacances en France s’affichent désormais réservés aux adultes. L’opinion s’en émeut, au point que la sénatrice Laurence Rossignol dépose une proposition de loi contre ces nouvelles formes de discrimination des enfants et de leurs familles, que la législation actuelle ne permettrait pas d’interdire. Insistant sur le fait que les mères sont alors tout autant exclues que leurs enfants, comme on le constate dans les pays où les zones « no kids » sont très développées (par exemple, en Corée du Sud).
Un an plus tard, printemps 2025, Sarah El Haïry, juste nommée haut-commissaire à l’enfance, relance la polémique en convoquant les professionnels du tourisme, et en annonçant vouloir prendre des mesures radicales contre cette dérive qu’elle juge inacceptable. Pour un chercheur en gestion, s’il y a un phénomène économique, c’est qu’il y a une demande voire des besoins auxquels des entreprises répondent en y trouvant un intérêt.
Nous avons ainsi débuté une étude exploratoire sur ces prestations réservées aux adultes, en nous intéressant aux motivations des clients et des entreprises.
Pour l’heure, il n’y a aucun chiffre avéré sur le nombre de ces offres en France. Les experts, ou prétendus tels, sollicités annoncent 3 à 5 % du parc, mais sans étude à l’appui. Tous disent cependant qu’elles sont en forte croissance. La définition du concept n’est pas unanime non plus. Plutôt qu’à 18 ans, de nombreux prestataires fixent le seuil à 16 ans, voire 12 dans certains cas. Ce........
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