A-t-on pensé aux entrepreneurs en situation de handicap issus de l’immigration?
EXPERTE INVITÉE. Avez-vous déjà pensé à ce que ça représente de vouloir entreprendre au Québec lorsqu’on arrive d’ailleurs… Et qu’on vit aussi avec un handicap?
Je n’avais pas pris conscience de cette réalité avant d’entreprendre mes recherches personnelles liées aux entrepreneurs en situation de handicap. C’est plus précisément en échangeant avec des personnes travaillant à l’AMEIPH (l’Association multiethnique pour l’intégration des personnes handicapées) que j’ai réalisé que c’était une réalité encore trop peu visible. Celle des personnes qui cumulent à la fois les défis liés à l’immigration et ceux liés au handicap… Tout en ayant l’ambition de créer leurs propres opportunités.
Célia Missigbèto est chargée de projet à l’AMEIPH et conseillère en sécurité financière à son compte.
Non-voyante et originaire du Bénin, elle est venue au Québec pour progresser dans sa carrière.
«Au Bénin, j’ai été jusqu’à l’université. Il n’y avait pas d’outils adaptés pour les personnes en situation de handicap. Et quand je cherchais un emploi, j’étais discriminée à cause de ma différence. Aucun employeur ne voulait me donner des opportunités de travail. Même si un employeur m’avait embauchée, je n’aurais pas pu travailler efficacement car j’utilisais uniquement une tablette et un poinçon pour écrire en braille, et mes collègues potentiels ne lisaient pas le braille.»
Avant d’arriver au Canada, elle avait fait un bac en diplomatie et relations internationales. Dès son arrivée, elle a commencé une maîtrise en sciences politiques, mais elle a ensuite changé d’orientation pour faire un DESS (Diplôme d’Études Supérieures Spécialisées) en gestion d’entreprise à l’École de gestion de l’UQAM (Université du Québec à Montréal) puis elle a également obtenu un permis de conseillère en sécurité financière après avoir suivi une formation professionnelle.
Elle m’a confié qu’avant de travailler à........
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