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Et si nous étions en bulle?!

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13.10.2025

EXPERT INVITÉ. Jusqu’à jeudi, l’euphorie était palpable, les records s’enchaînaient, et pourtant… un doute s’est installé vendredi soir. Les marchés semblent prisonniers d’un optimisme autoréalisateur, nourri par la promesse d’une intelligence artificielle capable de transformer chaque dollar investi en croissance infinie. Mais derrière cette envolée, certains observateurs s’interrogent: et si, sous nos yeux, se formait une bulle aussi séduisante qu’implacable — une bulle où la foi dans la technologie finirait par éclipser toute rationalité économique? Synthèse et analyse.

Depuis plusieurs mois, les indices américains battent record sur record, portés par un enthousiasme presque ininterrompu autour de l’intelligence artificielle et des perspectives de croissance infinie qu’elle semble promettre. 

Le S&P 500 se négocie aujourd’hui à des niveaux de valorisation supérieurs à sa moyenne historique de long terme, tandis que le Nasdaq s’envole sous l’effet d’un petit nombre de géants technologiques concentrant l’essentiel des flux. 

Les investisseurs, convaincus que la Réserve fédérale continuera à baisser ses taux, continuent d’alimenter la hausse sans vraiment se soucier des signaux de surchauffe. 

Les volumes sur les options haussières (call) ont explosé, atteignant un pic inédit depuis 2021, tandis que les rachats d’actions des entreprises amplifient la mécanique spéculative.

Dans ce contexte, des voix de plus en plus nombreuses — du FMI à Jamie Dimon chez JP Morgan repris par l’agence Reuters — alertent sur un risque croissant de «déconnexion» entre prix et fondamentaux. 

L’idée d’une «exubérance irrationnelle» (sur laquelle je reviendrai dans quelques jours), évoquée jadis par Alan Greenspan en 1996, refait surface dans les salles de marché. 

Le sentiment dominant reste néanmoins celui d’une confiance inébranlable dans la technologie et dans le pouvoir de la Fed à amortir tout choc. Pourtant, plus la bulle se gonfle, plus l’équilibre devient fragile. 

Et derrière les chiffres record, une question revient: combien de temps un marché peut-il ignorer la gravité économique?

Une bulle n’est pas seulement une surévaluation: c’est un phénomène psychologique, une contagion d’optimisme collectif où la croyance prend le pas sur la raison. 

Elle se forme lentement, dans l’euphorie, et se dégonfle brutalement, dans l’incrédulité. Les exemples historiques abondent — la Tulipomanie au XVIIe siècle, la frénésie boursière de 1929, la bulle Internet de 2000, ou encore la bulle immobilière de 2008 — toutes deux marquées par le même schéma: une innovation, une narration irrésistible, et la conviction que «cette fois, c’est différent». 

Dans chaque cas, les prix se sont envolés bien au-delà de ce que les flux de trésorerie pouvaient justifier,........

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