Valises
Avant chaque voyage, cette même sensation refait surface: un mélange d’excitation et d’appréhension. L’expectative de l’aventure à vivre me réjouit, mais une part de moi redoute ce qui pourrait mal tourner. Mon appréhension se cristallise alors sur le soin que je mets à préparer ma valise.
Je me souviens de celles de mon enfance. Quand nous partions pour les vacances d’été, ma mère bourrait la grande valise familiale en similicuir brun qui se fermait d’abord à l’aide d’une fermeture éclair latérale, puis avec deux ceintures qui l’enlaçaient sur la verticale. Tout devait y entrer: les affaires de ma sœur, les miennes et les siennes. Seul mon père avait droit à un sac à part. Cette valise trop pleine était toujours difficile à fermer, et mon père venait invariablement à la rescousse en appuyant de tout son poids sur le faux cuir. Pourtant, ma mère s’obstinait à n’en emporter qu’une seule.
Aujourd’hui, je ne remplis jamais ma valise à ras bord. Mes enfants préparent les leurs, et nous emportons toujours........
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