menu_open Columnists
We use cookies to provide some features and experiences in QOSHE

More information  .  Close

Quelques bonnes feuilles de «Face à la malice des temps» de François Nordmann

10 0
previous day

Créez-vous un compte gratuitement et retrouvez les contenus que vous avez sauvegardés.

Vous avez déjà un compte ? Se connecter

Newsletter – du lundi au samedi

Chaque matin, à 6h, la rédaction du Temps vous livre gratuitement l'essentiel de l'actualité, en Suisse et dans le monde.

Pour recevoir notre newsletter, créez un compte gratuitement.

Vous avez déjà un compte ? Se connecter

[...] C’est ainsi que débarquèrent à Londres, un jour au petit matin, la présidente du Conseil exécutif du canton de Berne, Elisabeth Zölch, accompagnée du président du Cercle des arts et du commerce de l’Oberland, un entrepreneur de Thoune, et de l’instituteur qui avait écrit l’ouvrage [sur Yehudi Menuhin]. Je me rendis au City Airport dès potron-minet pour les accueillir et leur offris un copieux petit-déjeuner, au cours duquel je pensais les avoir chapitrés sur la conduite à adopter en présence de la reine […] A 12h20, on nous conduisit dans le bureau de la reine. Elle était seule dans la pièce, bien qu’elle eût sous le bras de son fauteuil un bouton d’alarme, qu’elle aurait pu presser en cas de besoin. Nous avions dix minutes. C’est alors que la présidente Zölch prit la parole, tirant un discours tout préparé de son sac, pour présenter un «bulletin de santé» – ce fut son expression – du canton de Berne et détailler les progrès district par district du Simmental, de l’Oberaargau, du Jura, de l’Emmental, etc. Elle rappela qu’elle aussi se prénommait Elisabeth… Ce discours dura bien cinq minutes. Puis le livre sur Menuhin fut remis à Sa Majesté, qui nous remercia de ce cadeau en quelques phrases très brèves.

Je n’étais cependant pas au bout de mes surprises. Le représentant des milieux économiques de Thoune était arrivé avec une serviette sous le bras. Je n’y avais pas prêté garde avant qu’il ne prenne à son tour la parole. Il indiqua à la reine qu’il allait lui remettre un livre consacré à la rénovation de l’hôtel Victoria Jungfrau à Interlaken. Elisabeth II devait forcément s’y intéresser, puisque son aïeule y avait séjourné, un fait tout à fait contestable du point de vue historique. Il ajouta: «Et, Madame, vous trouverez dans le livre un bon pour un séjour de trois nuits au dit hôtel.» Je ne savais plus où me mettre. Aucune des consignes que j’avais données n’avait été respectée et la délégation n’avait pas jugé utile de me mettre au courant du scénario qu’elle comptait suivre. La reine réagit très posément en rétorquant: «Oh, vous savez, dans ma famille, ce sont mes enfants qui font du ski», ce qui la dispensait d’entrer davantage en matière pour répondre à l’apôtre du tourisme bernois. Les dix minutes étaient écoulées. Nous repartîmes en silence, escortés par le protocole […]

Créez-vous un compte gratuitement et retrouvez les contenus que vous avez sauvegardés.

Vous avez déjà un compte ? Se connecter

«Quatre mois après mon installation à la rue de Grenelle [à Paris], je reçus une proposition inattendue. La conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey, fraîchement élue, me demandait de devenir son secrétaire diplomatique. L’ancienne présidente du Parti socialiste, Christiane Brunner, que j’avais côtoyée à Genève, lui avait suggéré mon nom. Je me rendis........

© Le Temps