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La peur de penser et de souffrir

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13.09.2025

Il est toujours trop tôt pour désespérer. Depuis des années, je m’accroche à cette idée qui m’est venue un jour, à la suite de je ne sais plus trop quel événement heureux qui, tel un improbable arc-en-ciel, avait enjambé une grande peine. J’ai trouvé récemment dans Le Devoir deux textes qui me réconcilient avec le métier d’écrire et de penser alors que je désespérais du silence de mes pairs qui refusent de condamner ce qu’un nombre croissant d’institutions et d’experts internationaux nomment pourtant sans détour un génocide du peuple palestinien — sous prétexte que c’est une question complexe, qu’il faut s’interroger sur le sens même de ce mot, replonger dans l’histoire pour bien situer l’origine du massacre de Gaza, tenir compte du fait qu’il y a du bon dans la culture israélienne, et ne pas oublier qu’un intellectuel doit toujours suspendre son jugement s’il ne veut pas être aveuglé par les faits ou par quelque impératif moral.

Question : si quelqu’un entrait chez vous et se mettait à assassiner vos proches, est-ce que vous préféreriez ne pas intervenir par fidélité à votre conception de l’artiste et de l’intellectuel qui doit toujours faire un pas de côté pour mieux voir, lire le monde ? Passé un certain temps, il y a certains pas de côté qui ressemblent étrangement à des fuites.

Comme l’a écrit Louis Hamelin dans sa chronique « Complexe à mort », publiée en ces pages le 6 septembre, « je........

© Le Devoir