De la vraie puissance du mot «témoin»
Toute la semaine, il aura été question de ce qui fait la valeur d’un témoignage, lorsqu’il s’agit de faire intervenir dans un procès pour agression sexuelle les amis du présumé agresseur, qui, tour à tour, viendront témoigner du fait qu’il est une bonne personne, finalement, et que, non, à leurs yeux, il est impossible qu’il ait pu agresser qui que ce soit. Si l’outrage n’était pas fait au tribunal, on peut dire qu’il aura été frontal pour la marée humaine constituée de toutes ces personnes, femmes surtout, qui auront été agressées par tous ces « bons gars » aux yeux de leurs « chums », pour reprendre l’expression de Josiane Cossette.
Encore une fois, c’est dans cette manière de détourner les mots pour faire apparaître une vérité qui pourrait en effacer une autre que réside, à mon sens, la racine des plus grandes violences. Ici, il est tristement ironique de nous rappeler que l’étymologie des mots « témoignage » et « testicules » provient de la même racine : testis. Parce qu’il faudrait constamment prouver la virilité des hommes par toutes sortes de moyens, y compris les marques physiques des bourses, le mot « testicule » viendrait ici témoigner du fait qu’un homme soit véritablement… un homme.
Le mot « virilité », qui provient du latin « virilitas » (puissance, vigueur sexuelle) est lui-même dérivé de « vir », qui signifie « homme » tout simplement. Ce petit voyage à l’origine des mots nous fait voir combien elles sont profondes les couches de sens qui enserrent nos appréhensions d’un monde dans lequel une moitié de l’humanité aura constamment........
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