Du coup, «job» est féminin ou masculin?
Le temps doux ramène dans son sillage la bien-aimée rubrique Point de langue, avec pour guide la professeure Mireille Elchacar. L’été durant, la lexicologue québécoise vous invite à penser le français autrement dans une formule ponctuelle à mi-chemin entre l’essai et la vulgarisation scientifique.
Job. Un tout petit mot qui en dit long sur notre relation à la langue. Un mot somme toute banal au Québec, où son emploi est attesté depuis 1819. L’anglicisme « job » est également attesté en Europe. Or, le sens n’est pas exactement le même des deux côtés de l’Atlantique. Au sens québécois de « travail rémunéré » s’ajoute en France, selon Le Petit Robert, le sens de « travail rémunéré, qu’on ne considère généralement pas comme un véritable métier ». Au Québec, on nommerait ceci une « jobine ». On peut, au Québec, avoir une « grosse job ». Et on peut employer le mot même si aucune rémunération n’est en jeu (« les enfants ont fait une belle job ! »).
Un autre aspect qui change selon le continent : « job » est féminin au Québec et masculin en France. C’est ce qu’indiquent le dictionnaire général Usito et le Trésor de la langue française, lequel assortit sa description d’une citation de Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy (1945) : « Pourquoi ce que tu t’es engagé, toi, Manuel ? […]. T’avais une bonne job. T’étais dans un ouvrage propre. T’avais pas besoin de l’armée pour vivre. »
Or, depuis quelque temps, on trouve le mot sous la forme masculine au Québec.
Les deux usages de « job » partagent un autre point commun qui me semble ici central : en France comme au........
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