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Autochtones, une appellation choisie au pouvoir symbolique

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27.07.2025

Le temps doux ramène dans son sillage la bien-aimée rubrique Point de langue, avec pour guide la professeure Mireille Elchacar. La lexicologue québécoise vous invite à penser le français autrement dans une formule à mi-chemin entre l’essai et la vulgarisation scientifique.

Le dernier projet artistique qu’aura voulu mener le grand Serge Fiori était la traduction d’Un musicien parmi tant d’autres dans les langues des 11 nations autochtones du Québec. Une perle à ajouter au collier de la réconciliation qui se fabrique depuis quelque temps.

C’est également dans un esprit de réconciliation que les appellations générales des peuples autochtones du Canada ont récemment changé. J’étudie ce phénomène depuis quelques années dans divers corpus pour comprendre comment s’opère ce changement et comment il est reçu par les allochtones. Si le mot « Indiens » persiste dans les textes de loi (entre autres dans la Loi sur les Indiens) et dans le vocabulaire administratif (registre des Indiens, Indiens inscrits…), on opte plutôt dans la langue générale pour « Autochtone », terme qui englobe les Premières Nations, les Métis et les Inuits.

« Amérindien » vit le même recul. Si on perçoit le caractère erroné d’« Indien », « Amérindien » était une tentative de la part d’universitaires états-uniens, notamment d’anthropologues, de corriger le tir. L’appellation n’a pas été reprise chez nos voisins du Sud, mais s’est bien implantée au Québec. Or, comme le mot « Indien », elle est aujourd’hui rejetée parce qu’il s’agit d’exonymes, c’est-à-dire des appellations données par des personnes extérieures au groupe.

Les concepts eux-mêmes sont extérieurs........

© Le Devoir