La reconnaissance tardive de l’État palestinien
Il a fallu au gouvernement du Canada que les images insupportables d’enfants palestiniens, corps décharnés, visages émaciés, regards rendus hagards par la faim, fassent le tour du monde, que le paysage postapocalyptique de Gaza devienne difficile à ignorer, que des dizaines de milliers de civils perdent la vie dans des conditions effroyables, pour envisager la reconnaissance de l’État de Palestine.
Le geste aurait été plus significatif, et son impact plus profond, s’il était survenu au moment de la proclamation de l’État de Palestine, voilà une quarantaine d’années. Il aurait ainsi répondu aux exigences de l’époque.
Les Palestiniens ont proclamé leur État en 1988 dans les frontières de 1967 (Jérusalem-Est, Cisjordanie, Gaza), c’est-à-dire sur un territoire sévèrement amputé au regard même de la superficie que leur avait accordée en 1947 la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU. Cette concession considérable était accompagnée de la reconnaissance de l’État d’Israël. Le tout devait servir de base à la solution des deux États.
Du fait de l’obstruction systématique des États-Unis, la décision canadienne n’aura de valeur que symbolique. Elle demeure cependant bel et bien significative. Le Canada a agi de concert avec d’autres États, l’action concertée servant de facteur........
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