Quand l’hydroélectricité rencontre l’IA à l’ère de la diplomatie du calcul
La prochaine grande bataille pour l’influence mondiale ne se déroulera pas dans les champs de pétrole ni dans les mines de terres rares. Elle aura lieu dans des salles de serveurs fluorescentes où les algorithmes consomment des électrons pour produire de l’intelligence.
La recette pour créer une intelligence artificielle (IA) plus performante est étonnamment simple, selon la célèbre « bitter lesson » du chercheur canadien Rich Sutton : plus de puissance de calcul égale plus d’intelligence. Lorsque les chercheurs en IA parlent de « lois d’échelle » ou quand Mark Zuckerberg annonce un centre de données aussi vaste que Manhattan, c’est cette vérité qui se matérialise. Mais d’où provient cette puissance ? Des puces, du logiciel et, surtout, des électrons.
Coincé entre la puissance financière américaine et le mastodonte manufacturier chinois, le Canada n’a pas les moyens de dominer la fabrication de semi-conducteurs ou les plateformes infonuagiques géantes. Pourtant, il possède deux atouts que ni Washington ni Pékin ne peuvent combiner : une masse critique de chercheurs en IA reconnus mondialement et l’électricité industrielle la plus propre de la planète. Le Québec est précisément à l’intersection de ces deux forces. Les combiner pourrait faire de la province un levier géopolitique clé pour le Canada dans l’ère émergente de la « diplomatie du calcul ».
Côté talent, grâce aux investissements soutenus du gouvernement fédéral, notamment par l’Institut canadien de recherches avancées et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, près de 10 % des meilleurs chercheurs en IA au monde travaillent actuellement au Canada, de Yoshua Bengio à Montréal, Geoffrey Hinton à Toronto, à Rich........
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