Renouer avec l’esprit de la Révolution tranquille
En juillet 1960, il y a exactement 65 ans, se réunissait le premier Conseil des ministres de l’« équipe du tonnerre », présidé par Jean Lesage, à la suite de l’élection de cette formation le 22 juin, après 16 ans de règne de l’Union nationale de Maurice Duplessis.
D’emblée, Jean Lesage proclame : « C’est plus qu’un changement de gouvernement, c’est un changement de la vie. »
Alors que nous sommes présentement marqués à la fois par le flottement et la suractivité politique, sur la défensive, il est intéressant de faire un pas de côté pour retourner à l’esprit de la Révolution tranquille, afin d’en mesurer la portée et l’héritage. Quand on y regarde de plus près, beaucoup d’éléments ont une résonance actuelle.
Les mémoires de Georges-Émile Lapalme, que l’on reconnaît comme l’idéateur de la Révolution tranquille, furent écrites au soir de sa vie, alors qu’il s’était retiré de la vie politique, entre ses 59 et ses 66 ans. Constituées de trois volumes passionnants, elles s’avèrent une voie royale pour accéder à l’esprit de celui qui fut aux premières loges du « frémissement de [son] temps ». Lapalme fut le chef de l’opposition officielle de 1953 à 1960, et, à ce titre, il a fait de la justice sociale le but premier du Parti libéral d’alors. Ses mémoires captivantes devraient être beaucoup plus largement diffusées pour donner pleinement corps à la devise du Québec : « Je me souviens ».
Tout juste rentré d’un voyage en Europe, au printemps de 1959, celui qui vient de céder sa place à Jean Lesage comme chef de sa formation politique va écrire d’un trait ce qui deviendrait le programme de son parti s’il était enfin porté au pouvoir. « Au retour, j’eus une lueur : je décidai d’écrire », relate-t-il. « Dans le tourbillon du changement, ayant l’avantage de m’isoler pendant que les autres s’agitaient », note-t-il dans un clin d’œil à peine voilé à son successeur. Il se retire donc « dans le silence d’une pièce » où se trouvent tous ses papiers, « débris de rêves et de défaite ». Son « mémoire, peu à peu, prit de l’ampleur : j’en fis un livre, puis deux livres », écrit-il.
Voici la........
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