La liberté de voir
Dans mon travail de chroniqueur, je fais de mon mieux pour éviter la répétition. Personne n’aime se farcir un raseur au cours d’une soirée. Je sympathise avec ceux qui sont condamnés par politesse à écouter un refrain usé et interminable. Solidaire avec l’écolo Greta Thunberg, je suis comme elle un militant qui pourfend le blabla.
Reste qu’il y a des sujets qui évoluent et qui méritent d’être revisités une fois mûris afin d’être transformés en synthèse utile.
Voilà donc la troisième fois en cinq ans que je soulève le dossier de Roman Polanski et la suppression de facto de son film J’accuse, récit historiquement fidèle de la victimisation et du sauvetage d’Alfred Dreyfus, bouc émissaire juif emblématique qui a fortement contribué à la fondation de l’État d’Israël. Depuis sa sortie, en France, en 2019, ce film a été submergé par la rancune #MoiAussi envers son réalisateur, agresseur sexuel avoué d’une fille de 13 ans en 1977. À tel point que, jusqu’à l’automne 2024, le film n’avait pas été projeté dans le monde anglophone, et il n’y est toujours pas (normalement) disponible en DVD avec sous-titres anglais ni en diffusion continue.
En novembre dernier, à la suite de mes efforts entrepris de concert avec la journaliste britannique Tanya Gold, le film a eu sa première sous-titrée à Londres sous l’égide du Festival juif du cinéma du Royaume-Uni dans un cinéma plein à craquer. À l’heure où j’écris ces lignes, le film a trouvé un........
© Le Devoir
