Pourquoi ai-je toujours plaisir à traîner, avec ma tête de veau, dans des allées d’animaux à l’occasion des foires agricoles ? Chaque été, je suis un abonné passionné de ces événements. Je m’y laisse volontiers flotter quelques heures, toujours émerveillé.

La fin de semaine dernière avait lieu l’exposition agricole d’Ormstown. C’est un beau village, Ormstown. De jolies maisons. Qui sait combien de temps encore elles seront préservées ? Aucune n’est classée, citée, protégée, inventoriée. Comme en bien d’autres localités.

Chaque été, cette municipalité est momentanément transfigurée durant quelques jours par des manèges, des chevaux, des bestiaux. Cette année, j’y ai croisé Bruce Barr, installé à côté de vieux tracteurs. Il tenait entre ses mains un furet nommé Poe, en l’honneur de cet écrivain qui, dans son œuvre, a montré que, malgré les apparences de maîtrise et de progrès, l’homme moderne est encore profondément hanté par des pulsions obscures et des peurs archaïques.

Je me suis rendu là-bas avec une Britannique d’origine mexicaine. Est-ce que j’avais besoin de quelque chose de Londres, m’a gentiment demandé cette amie avant de s’envoler pour Montréal ? « La tête du roi », lui ai-je dit. À cause des nouvelles restrictions de bagage, elle était au regret de ne pouvoir m’apporter que du thé.

Avant de s’installer en Europe, où elle travaille sur un projet pour le Guatemala, mon amie a vécu un moment en Nouvelle-Zélande, je crois, puis au Canada. Certaines vies, comme la sienne, ressemblent à l’année à des........

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