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La sainte paix

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03.06.2025

En amont de Montréal, les rapides de Lachine constituent un obstacle naturel à la remontée du fleuve vers les Grands Lacs. Les bateaux qui tentent de franchir ce « Grand Sault », comme on nommait pareil passage difficile, étaient souvent guidés par des Autochtones. Un des plus célèbres de ces pilotes se nommait Sawatis — déformation de Jean-Baptiste — Aiontonnis.

Le savoir-faire d’Aiontonnis lui vaudra d’être engagé par l’armée. En 1884, ses talents de canotier sont requis pour porter secours aux troupes du général Charles Gordon, dit Gordon Pascha. Cet officier en quête de gloires coloniales se trouve assiégé à Khartoum, capitale du Soudan, alors une portion de l’Égypte placée sous domination britannique. Comment trouver à décoincer les troupes de ce militaire, empêtrées dans les sables mouvants des appétits de l’Empire ? Les soldats de Sa Majesté chargés de venir l’aider sont confiés à Garnet Wolseley. L’épée dans une main, le feu dans l’autre, ce général a servi en Chine et au Canada. Ses soldats doivent parvenir à franchir les cataractes du Nil avant d’espérer sortir de son faux pas Gordon Pacha.

Aiontonnis n’est pas le seul Autochtone du Canada engagé dans cette mission impossible au Soudan. Entre autres, le chef Louis Jackson, de Kahnawake, participe aussi à l’expédition. Tout en devenant chef d’équipe, Jackson donne des conseils concernant la conception des baleiniers, ces embarcations utilisées sur le Nil. Louis Jackson écrira un livre au sujet des expériences que vécurent là-bas ses frères autochtones. Deux d’entre eux perdirent la vie. L’expédition fut un échec........

© Le Devoir