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La Cadillac et l’escargot

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30.09.2025

Sous les piliers du pont Jacques-Cartier, là où le ciel est toujours gris, je croise parfois Richard. Chaque fois, je lui dis que j’aime son chapeau. Plusieurs doivent lui dire la même chose parce que jamais il ne se souvient tellement de moi, le Richard…

Son chapeau, on dirait qu’il l’a emprunté à un Casse-Noisette géant. Il est rouge, avec des galons dorés. Un chapeau bien haut, avec une visière noire et de faux boutons de métal argenté. « Je l’ai trouvé après l’Halloween », m’explique-t-il encore une fois. Quand Richard en est coiffé, son visage raviné se métamorphose. On dirait une vedette de cinéma.

L’autre jour, Richard s’est mis à me parler de Trump. « L’été, pour les vacances, mon père nous emmenait à Atlantic City. » Nous sommes dans les années 1980. Dans la foulée de la légalisation des casinos, le New Jersey connaît un boom de l’industrie du jeu. Les flambeurs et des gens ordinaires s’y pressent. Combien de Québécois, comme le père de Richard, partent jouer dans l’espoir plus ou moins avoué de revenir plus riches qu’en partant ?

Le père de Richard fait la tournée des casinos. Ses enfants suivent. « J’ai passé bien des étés à me promener entre les machines, à regarder le monde. J’ai vu Donald Trump comme je te vois. Il était bien plus grand que toi. Un géant ! » Sous la grandeur du pont Jacques-Cartier, comme de raison, on perd facilement le sens des proportions.

À l’époque, Trump pariait qu’Atlantic City deviendrait le nouveau Las Vegas. Il possédait des casinos décorés avec un faste........

© Le Devoir