Drôles de prières
Il y a plusieurs années, je m’étais retrouvé dans une situation pour le moins loufoque. Alors que je traversais une place bondée de Dakar, capitale du Sénégal, aux premières notes du muezzin, les centaines de personnes qui m’entouraient se mirent à genoux comme un seul homme. Je me retrouvai tout à coup seul debout au milieu d’une mer de fidèles en prière. Pour échapper au ridicule, il me fallut enjamber ces centaines de corps prostrés regardant vers La Mecque.
Le Sénégal est un pays à 94 % musulman, ce qui n’est évidemment pas le cas de la France ou du Québec, où des scènes semblables se reproduisent pourtant comme si on était au bled, dirait un jeune de la banlieue parisienne.
Pour comprendre les prières qui se sont récemment déroulées devant la basilique Notre-Dame de Montréal, peut-être vaut-il la peine de regarder ce qui se passe ailleurs. En France, même si elles demeurent minoritaires, de telles manifestations se déroulent dorénavant dans presque toutes les villes, grandes ou moyennes. La première mention de telles pratiques dans la presse remonte à 2002. Ce n’est pas un hasard, puisque c’est à cette époque que, à la suite de la guerre civile algérienne, l’islamisme commença à se répandre dans les banlieues françaises.
En France, c’est un secret de Polichinelle que les prières de rue font partie de l’arsenal des militants islamistes. Comme en Algérie, d’ailleurs, où des groupes salafistes s’en servirent pour empêcher des spectacles de danse et des concerts de musique raï. Avant d’être condamné pour association de malfaiteurs dans........
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