L’école québécoise entre interdits, docilité programmée et spectre de l’IA
La rentrée scolaire 2025 au Québec s’ouvre sous le signe du paradoxe. Jamais les interdits n’ont été si nombreux, jamais le discours sur l’intelligence artificielle (IA) n’a été si confus. D’un côté, on impose le vouvoiement, on bannit le cellulaire pour les élèves et les enseignants, on prépare la suppression des devoirs. De l’autre, l’IA est dénoncée par les professeurs et les directions, vantée par le gouvernement, mais sans qu’une stratégie claire existe.
Cette contradiction n’est pas un accident : elle révèle un projet politique de remodelage de l’école, destinée à devenir un espace fermé et standardisé où l’humain n’est plus qu’une variable d’ajustement.
Le retour du vouvoiement est l’une des mesures phares. Je l’ai toujours défendu comme marqueur de respect et repère relationnel. Proust rappelait que « le respect est toujours proportionnel à la distance qu’on met entre soi et les autres ». Cette distance protège l’enseignant de la familiarité excessive et permet l’autorité bienveillante.
Mais imposé dans une société où le tutoiement domine, le vouvoiement risque d’être perçu comme une contrainte plus que comme une élévation. Ce qui devrait rehausser la relation pédagogique risque de saper son autorité réelle, minée par d’autres mesures.
L’interdiction totale du cellulaire, pour les........
© Le Devoir
