Ultimatum et illusions perdues
Dans un mouvement qui rappelle le désenchantement progressif au cœur des Illusions perdues de Balzac, Donald Trump s’emploie à défendre un ordre international que l’histoire est en train de dépasser.
La récente intervention de Donald Trump dans la diplomatie mondiale – menaçant d’imposer des droits de douane de 100 % à la Russie si un accord de paix n’est pas conclu d’ici quelques jours1 et promettant des sanctions contre tout pays commerçant avec Moscou – se veut un acte de force. Mais il faut plutôt y voir le reflet d’une époque révolue.
Associée à son plan consistant à fournir des armes américaines à l’Ukraine par l’intermédiaire de l’OTAN – où les alliés paient pendant que les industriels de l’armement américains empochent les bénéfices –, cette politique illustre non pas le renouveau du leadership américain, mais sa fragmentation. Les menaces de Trump risquent de renforcer le monde multipolaire qu’il a passé des années à vouloir empêcher.
En tant qu’historien du Moyen-Orient, je reconnais là un schéma familier. Le XXe siècle regorge d’exemples d’empires ayant surestimé la portée de la coercition économique.
De la politique de blocus2 de la Grande-Bretagne pendant la Première Guerre mondiale aux embargos imposés3 par les États-Unis à l’Égypte de Nasser, ces outils ont souvent entraîné des effets pervers : réorientation économique,........
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