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Comme un ado face à un père abusif

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19.08.2025

L’auteur et animateur de balado Stephen Marche veut faire comprendre aux Américains à quel point leur président a mis les Canadiens en colère. Voici en français le texte qu’il a récemment fait paraître dans le New York Times 1.

Le Canada traverse une ère de colère aiguë, soutenue, profonde et persistante. La source en est le président Trump ; l’objet en est les États-Unis. Le président, commandant de l’armée la plus puissante que le monde ait connue, a déclaré à plusieurs reprises qu’il avait l’intention d’affaiblir l’économie canadienne en vue d’une annexion.

Les Américains, d’après ce que je peux constater, ne semblent pas prendre cette possibilité au sérieux, même si le président a entrepris la tâche sérieusement récemment en imposant des droits de douane de 35 %. La menace américaine sur notre souveraineté, si soudaine, si insensée, est en train de remodeler la vie canadienne.

Partout dans le monde, tandis que les États-Unis se retirent de l’ordre mondial qu’ils ont créé, les nations revoient leurs priorités, réforment leurs institutions et, par conséquent, transforment leurs identités. D’ici 2027, le budget militaire du Japon aura augmenté de 60 % en 5 ans. L’Allemagne, elle aussi, doit se remilitariser, bien qu’elle ait du mal à trouver des gens prêts à s’engager volontairement ; la stigmatisation de la guerre a marqué plusieurs générations là-bas. Le Brésil a déjà commencé à commercer avec la Chine en monnaie chinoise, évitant tout contact avec les États-Unis. Ce sont tous des changements radicaux dans la façon dont ces pays existent, dans ce qu’ils sont. Mais c’est peut-être au Canada que le changement est le plus profond.

En réponse aux menaces américaines, le Canada est au milieu de la plus grande explosion de nationalisme de l’histoire du pays, bien plus importante que le nationalisme des années 1960.

À l’époque, en particulier au Canada anglais, l’identité canadienne avait émergé et s’était exprimée à travers les livres, la musique et la CBC, ainsi que par des politiques officielles de bilinguisme et de multiculturalisme. Pendant tout ce temps, le Canada s’intégrait économiquement et militairement aux États-Unis. Aujourd’hui, l’Ontario et le Québec ont interdit toutes les ventes d’alcool américain. Plus des deux tiers des Canadiens prévoient d’acheter moins de produits américains à l’épicerie cette année. Les voyages canadiens vers les États-Unis restent en forte baisse, même si cela a peut-être moins à voir avec la résistance politique qu’avec le fait que les États-Unis ont clairement indiqué que les étrangers sur leur territoire peuvent être soumis, sans recours, à la détention, et peut-être même à la violence.

PHOTO DAVID DEE DELGADO, ARCHIVES REUTERS

Des agents fédéraux de l’immigration masqués attendent pour procéder à des détentions au tribunal américain de l’immigration à Manhattan, à New York, début août.

Des deux côtés de la frontière, on espère que cette antipathie économique sera temporaire. (Rien ne remplace le bourbon.) Mais la deuxième administration Trump a fait émerger une vérité plus durable à propos des États-Unis : ce n’est plus un pays qui respecte ses accords. M. Trump a violé l’accord de libre-échange qu’il avait lui-même conclu lors de son premier mandat. Vous ne devriez faire affaire avec de telles personnes que si vous y êtes obligé. Selon un sondage de février, 91 %........

© La Presse