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À Gaza, un génocide qui ne dit pas son nom

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27.05.2025

Après dix-neuf mois de bombardements, de destructions, d’une famine qui s’installe, la question de la qualification des actes commis par l’armée israélienne dans l’enclave palestinienne fait de moins en moins de place au doute. La nature de l’offensive contre la population civile et les déclarations du gouvernement qui l’accompagnent étayent l’accusation de génocide tel que défini par les Nations unies en 1948.

Depuis bientôt dix-huit ans, les Gazaouis meurent à petit feu. De guerres (2008, 2012, 2014, 2021, 2023) en blocus inhumain, ils risquent de n’être plus que des morts-vivants sur leur propre terre. Pour ceux qui auront survécu.

Selon l’Unicef, 52 928 personnes ont été tuées, 119 846 blessées depuis le déclenchement de la guerre à Gaza en octobre 2023. 15 613 enfants ont perdu la vie et 34 173 sont blessés. 11 200 Palestiniens seraient portés disparus, dont beaucoup probablement sous les décombres.

La bande de Gaza – l’une des zones les plus densément peuplées de la planète – ressemble à un champ de ruines. Au 1er décembre 2024, près de 69 % des bâtiments de ce territoire avaient été détruits ou endommagés, selon les images satellites analysées par le Centre satellitaire des Nations unies (Unosat). Au 31 décembre, seuls 18 des 36 hôpitaux de Gaza fonctionnaient partiellement, selon l’OMS, avec une capacité totale de 1 800 lits. L’Unicef affirme que 95 % des établissements scolaires de Gaza sont endommagés ou détruits. Depuis le 7 octobre 2023, des centaines d’écoles ont été directement frappées et 19 universités ont subi de graves dommages.

Après dix-neuf mois de bombardements israéliens constants qui se poursuivent aujourd’hui, un Gazaoui sur cinq pourrait se retrouver en situation de famine, avertissent les experts en insécurité alimentaire. Les prix des produits de première nécessité ont flambé. Selon les organisations humanitaires à Gaza dont les informations sont reprises par l’ONU, le nombre de repas chauds servis par les cuisines communautaires encore en activité a chuté de 70 % entre le 7 et le 12 mai.

Comment faut-il nommer ce qui se passe dans la bande de Gaza ? « Les actions d’Israël visent à infliger aux Palestiniens des conditions de vie de plus en plus incompatibles avec la poursuite de leur existence à Gaza en tant que groupe », a averti Volker Türk, à la tête du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Le mot « génocide » est de plus en plus prononcé. Notamment depuis que, le 29 décembre 2023, l’Afrique du Sud a porté plainte contre Israël pour « génocide » à Gaza auprès de la Cour internationale de justice (CIJ), le tribunal de l’ONU chargé de régler les différends entre États. Pretoria invoquait « ses droits et obligations » afin de prévenir le génocide.

« Depuis 72 jours, pas un seul morceau de pain n’est entré » : à Gaza, « une famine délibérée et entièrement fabriquée » par Israël

La définition de l’ONU est précise. Contrairement à l’idée généralement répandue, un génocide ne se traduit pas forcément par l’extermination totale d’un peuple. Selon la convention, le génocide englobe un certain nombre d’actes commis dans l’intention de détruire, intégralement ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux. Elle prévoit aussi et surtout que des États puissent saisir la justice pour empêcher un crime de génocide de se produire.

Elle fait obligation aux États parties de la convention de prendre des mesures pour prévenir et réprimer le crime de génocide. « Cette obligation, ainsi que l’interdiction de commettre un génocide, sont considérées comme des normes du droit international coutumier et s’imposent donc à tous les États, qu’ils fassent ou non partie des 153 pays – dont Israël fait partie – à avoir ratifié la convention », souligne le Centre régional d’information de l’ONU pour l’Europe occidentale.

Dans sa présentation devant la CIJ, l’avocat sud-africain Tembeka Ngcukaitobi dénonçait la « rhétorique génocidaire » d’Israël, dont les officiels appellent........

© L'Humanité