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En Champagne, des travailleurs esclavagisés lors de vendanges demandent justice

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20.06.2025

Trois personnes et deux sociétés étaient jugées ce 19 juin par le tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne. Elles sont accusées d’avoir exploité dans une chaîne de sous-traitance des travailleurs sans papiers, entassés dans un logement insalubre.

Savaient-ils, en montant dans ce bus un jour de septembre 2023, que le voyage les mènerait tout droit au tribunal ? Sur les bancs de la salle d’audience de Châlons-en-Champagne, plusieurs dizaines d’entre eux sont assis, la mine fermée. Ils viennent du Sénégal, de Mauritanie, du Mali et se sont rendus dans la Marne pour les vendanges, mus par la promesse d’un salaire journalier de 80 euros tant qu’il y aurait du raisin à ramasser, et par la garantie d’une chambre d’hôtel pour se reposer après les journées de labeur. Mais ces travailleurs, alors sans papiers pour une partie d’entre eux, n’auront jamais vu la couleur de ces contreparties. Pire, ils auraient été les victimes de traite d’êtres humains. C’est en tout cas ce qu’a essayé de trancher le tribunal ce jeudi 19 juin.

Devant la nuée de caméras qui filment les discrets échanges qu’ils entretiennent avec leurs avocats, les prévenus ont l’air fermé, gênés d’attirer autant l’attention. Les quatre personnes sur le banc des accusés fixent silencieusement l’écran sur lequel le président du tribunal fait défiler les preuves accablantes des mauvais traitements qu’ils auraient infligés aux forçats. Les photos qui s’enchaînent montrent une maison délabrée de Nesle-le-Repons aux installations électriques dangereuses, où s’entassent des dizaines de matelas gonflables au sol dans la plus totale promiscuité. La poignée de sanitaires souillés donne directement dans la chambre, une planche installée en équilibre précaire sur un tas de gravats fait office de cuisine.

Le supplice ne s’arrêtait pas à ce bidonville. Sans........

© L'Humanité