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« Je n’ai pas signé pour être un punching-ball » : à un an des municipales, les maires de plus en plus nombreux à rendre l’écharpe

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17.04.2025

Accablés par les coupes budgétaires, la fatigue administrative et la violence physique dont ils sont victimes, les élus municipaux se détournent en masse de leurs fonctions. Depuis la dernière mandature, ils sont 2 400 à les avoir abandonnées et, sur les restants, moins de la moitié va se représenter en 2026.

Ils sont les élus les plus populaires de la République, et certainement ceux qui éprouvent le plus de mal-être. Près de 70 % des Français se disent satisfaits de leur maire, selon les travaux de l’Ifop sur la question. Ils sont d’ailleurs tout autant à se dire attachés à l’échelon municipal. Et, pourtant, leurs élus locaux sont de plus en plus nombreux à décrocher. Épuisés, harassés, écrasés par le poids de leur écharpe.

D’après les données gouvernementales, 2 400 élus municipaux ont claqué la porte de leur hôtel de ville depuis leur élection en 2020 et moins d’un maire sur deux envisage de se représenter en 2026. Une vague de démissions en hausse de 30 % par rapport à la période 2014-2020. D’autre part, 57 000 sièges de conseillers seraient aujourd’hui vacants. Une crise jamais vue. « C’est une illustration douloureuse des maux démocratiques dont nous souffrons », observe Gérard Lahellec, sénateur communiste des Côtes-d’Armor, autrefois adjoint au maire de Saint-Brieuc.

Et ces maux sont nombreux. En premier lieu, ces élus de terrain souffrent de rapports de plus en plus tendus avec leurs administrés, qui seraient, selon eux, de plus en plus « exigeants », jusqu’à trop souvent donner lieu à des actes de violence. Selon le ministère de l’Intérieur, 2 600 faits de violence physique ou verbale ont été relevés en 2023, un chiffre en augmentation de 15 % en une année. En outre, 69 % des maires auraient été victimes « d’agressivité ou d’impolitesse », 39 % disent avoir subi des injures, et 27 % déplorent être régulièrement menacés sur les réseaux sociaux.

« Je n’ai pas signé pour être un punching-ball », maugrée Marie Cau, ancienne édile de Tilloy-lez-Marchiennes (Nord). Élue en 2020, celle qui a été la première maire transgenre de France a finalement démissionné en janvier 2025 face aux pressions incessantes. « À moins d’être masochiste, c’est ce qu’il me fallait faire, explique-t-elle. J’ai été insultée, calomniée et menacée jusqu’à ne plus en pouvoir. Je ne me serais jamais attendue à un tel niveau de haine et de violence psychologique. »

Pourquoi seulement 42 % des maires souhaitent se représenter pour les municipales de 2026

À l’en croire, par leur position de proximité, les élus municipaux sont devenus des catalyseurs des nombreuses frustrations citoyennes contre tous les pouvoirs, en particulier les plus éloignés. « J’en ai pris plein la tête pour des raisons qui n’avaient rien à voir avec ma fonction, poursuit-elle. On me reprochait des décisions gouvernementales. C’était à chaque fois des occasions nouvelles pour m’insulter, alors que je n’avais rien à voir avec ces mesures. Pour 1 200 euros par mois et dix heures de travail chaque jour de la semaine, je me faisais continuellement hurler dessus. »

Camille Pouponneau, ex-maire de........

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