Femi Kuti : « Il y a de la corruption partout. En Europe, elle est juste plus organisée, moins visible »
Longtemps tributaire du combat initié par son père, Fela, le musicien nigérian fait un pas de côté avec « Journey Through Life », un album plus introspectif, où il offre de nouveaux morceaux et en revisite d’anciens au son d’un afrobeat toujours aussi charpenté.
Désormais sexagénaire, Femi Kuti a entrepris son « Voyage à travers la vie » dans ce nouvel album, marqué par la sagesse et la spiritualité, filé de dix morceaux éruptifs et généreusement cuivrés. Le saxophoniste, qui met en selle et à son tour son fils Made, n’en a pas pour autant abandonné le combat pour le peuple nigérian, une prise de risque dans ce géant d’Afrique où les problèmes s’accumulent.
Le titre de l’album, Journey Through Life, suggère que vous aviez besoin de faire le point sur votre vie et d’observer le chemin parcouru. Est-ce ce qui vous a motivé à l’écrire ?
Tout à fait. J’ai commencé à travailler sur l’album alors que ma fille se faisait opérer. Elle a fait face avec tant de force que cela m’a inspiré. Elle est partie en Inde avec sa mère, et je ne pouvais pas être avec elles. La seule façon de garder mes esprits était de continuer à écrire de la musique. J’ai utilisé tout ce stress et ces émotions pour parler de ma vie au sens le plus personnel, des choses qui m’ont guidé durant toutes ces années.
Vous ne lâchez toutefois pas les sujets politiques, comme la corruption endémique au Nigeria. N’y a-t-il pas comme un sentiment d’échec après toutes ces années passées à la dénoncer ?
Il faut rester optimiste. Si vous écoutez le morceau « Work on Myself », j’évoque ce monde en plein chaos, la corruption. Mais je me dis que, peut-être, le problème réside dans notre manière de toujours vouloir convaincre les gens. Lorsque vous forcez les gens à voir les choses comme vous, vous devenez une........
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