Génocide, un mot tabou pour qualifier l’anéantissement de Gaza ?
Le terme fait débat en France pour qualifier la situation à Gaza, notamment à cause de sa charge historique et du décalage entre son usage régulier et sa définition en droit international.
C’est un mot qui déchaîne les passions. Qui peut faire exploser une conversation en mille morceaux, ou bien la figer immédiatement. Mi-mai, un lycéen de Blois (Loir-et-Cher) utilise en classe le terme de « génocide » pour qualifier ce que le gouvernement israélien inflige aux Gazaouis.
Élisabeth Badinter, en visite dans l’établissement qui porte le nom de son époux, en a immédiatement le vertige. « On le laisse dire ? » s’indigne-t-elle, selon Mag’Centre. L’élève se réfugie dans le silence. Le débat n’aura pas lieu, tant le mot tient du tabou. « Il a été inventé pendant la Seconde Guerre mondiale. Il provoque des émotions extrêmement fortes et convoque une douleur gigantesque. C’est le mot qui a été posé sur l’innommable, sur le crime des crimes. Il est fortement accroché à la Shoah, et aussi aux génocides les plus monstrueux, les plus barbares et les plus cruels qu’a connus l’histoire, comme celui des Arméniens et celui des Tutsis au Rwanda. C’est pour cela qu’il y a des pudeurs à l’utiliser », note Roland Gori.
L’essayiste et psychanalyste ne l’a d’ailleurs pas brandi de suite concernant la situation à Gaza. « Il y a un décalage entre l’acceptation de ce mot, qui pour beaucoup signifie la volonté organisée d’anéantir tout un peuple, et sa définition en droit........© L'Humanité
