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44 milliards au prix d’une grande casse sociale : le mortifère plan Bayrou

9 23
wednesday

François Bayrou a présenté son plan d’économies. S’il a promis une répartition équitable du « fardeau », il sera en fait porté par les actifs, les inactifs et les malades. Et très peu par les riches et les entreprises.

« Tout le monde devra participer à l’effort. » Voilà l’un des cinq principes que François Bayrou a énoncé hier pour présenter son plan de désendettement de la France. En théorie, tout le monde passera à la caisse. Les plus aisés devraient être soumis à une « contribution de solidarité sur les plus hauts revenus » et les niches fiscales et sociales, dont les plus riches sont de grands consommateurs, seront revues, a promis le Premier ministre. De même, les 211 milliards d’euros d’aides aux entreprises pourraient être amendés à la marge.

Dans les faits, le fardeau du désendettement ne sera cependant pas…

« Tout le monde devra participer à l’effort. » Voilà l’un des cinq principes que François Bayrou a énoncé hier pour présenter son plan de désendettement de la France. En théorie, tout le monde passera à la caisse. Les plus aisés devraient être soumis à une « contribution de solidarité sur les plus hauts revenus » et les niches fiscales et sociales, dont les plus riches sont de grands consommateurs, seront revues, a promis le Premier ministre. De même, les 211 milliards d’euros d’aides aux entreprises pourraient être amendés à la marge.

Dans les faits, le fardeau du désendettement ne sera cependant pas « également réparti entre tous les citoyens en raison de leurs facultés », comme le pose l’article 13 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Les plus pauvres seront en effet, proportionnellement à leurs revenus, les plus durement touchés du point de vue financier. Par ailleurs, ils seront les premiers concernés par les reculs de droits qui sont annoncés en matière de travail, de chômage ou de santé.

« Quel peuple formons-nous ? A quoi ce peuple croit-il ? De quel ciment est-il soudé ? Et quelle part chacun de nous est-il prêt à prendre à notre avenir collectif ? », a feint de s’interroger le Premier ministre en introduction. Quelques jours après la publication par l’Insee des chiffres records de la pauvreté et des inégalités en France, la suite de son discours a donné la réponse du gouvernement. Et elle est clairement marquée par l’injustice sociale. La preuve avec six mesures présentées hier.

1/ Deux jours fériés supprimés sur la foi d’un diagnostic bancal

« J’y crois absolument pas, il osera jamais faire ça ! » Quand les premières rumeurs de la suppression de deux jours fériés ont fuité dans la presse quelques heures avant que François Bayrou ne prenne la parole, rares sont ceux qui les ont crues. Et pourtant, le Premier ministre a effectivement proposé de retirer deux jours chômés du calendrier, citant « comme exemple » le lundi de Pâques et le 8 mai.

Pour François Bayrou, pas de doute, « il faut que toute la nation travaille plus ». Plus de travail, cela signifie plus de richesses produites, davantage de cotisations sociales, plus de revenus et un surcroît de consommation. Autant de bonnes nouvelles pour les comptes publics. La conviction du Premier ministre n’est pas erronée si l’on se place dans une optique comparative : en 2022, les travailleurs en France avaient passé en moyenne 1 604 heures au turbin, ce qui est moins que la moyenne européenne (1 679 heures), moins que celle de l’Espagne (1 674 heures) ou de l’Italie (1 759 heures).

Mais, d’une part, cette durée effective annuelle du travail était cette année-là supérieure à celle de pays voisins plus riches comme l’Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark, la Suède ou la Finlande. Et d’autre part, ce temps de travail moyen ne dit rien de la répartition du travail entre les actifs d’un pays. Or, une note récente du Conseil d’analyse économique (CAE) rappelle que la principale lacune tricolore réside dans la faible participation des jeunes et des seniors au marché du travail. Les personnes en emploi, elles, travaillent déjà beaucoup. Cela fait écrire aux auteurs que les mesures « de type réduction des jours de congé […] semblent peu pertinentes ».

En supprimant deux jours fériés, François Bayrou fait donc l’exact inverse que ce que préconise un organisme qui le conseille. Même si la proposition, dans sa version actuelle, n’a quasiment aucune chance de survivre à son passage devant le Parlement l’automne prochain, elle envoie un très mauvais signal, à la fois pour les travailleurs aux métiers pénibles et pour ceux qui trépignent aux portes de l’emploi.

Vincent Grimault
 

2/ L’année blanche, accélératrice d’inégalités

C’est l’une des mesures annoncées qui surprend le moins, tant l’idée........

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