Recycler pour que rien ne change ? Les paradoxes de l’emballage plastique
On le retrouve sur les slogans publicitaires, dans les plans d’action des entreprises, les stratégies des collectivités et les discours politiques ou réglementaires : le recyclage est devenu l’un des emblèmes les plus consensuels de la transition écologique. Dans le cas des plastiques, et plus particulièrement des emballages à usage unique, il est souvent présenté comme la composante clé d’une économie circulaire.
Encadré par une série de directives européennes – notamment la directive 2018/852 qui impose de recycler 50% des emballages plastiques d’ici 2025 et 55 % d’ici 2030, ainsi que la directive « Single-Use Plastics » (2019/904) – et par la loi française AGEC (2020), qui vise le recyclage de 100% des plastiques d’ici 2040 le recyclage s’est vu assigner des objectifs contraignants pour lutter contre la pollution plastique. À première vue, le principe est vertueux : prolonger la vie des matériaux, réduire les déchets et limiter l’extraction de ressources.
Pourtant, la production mondiale de plastique a été multipliée par plus de vingt depuis 1964, dont près de 60% à usage unique. Pire encore, chaque minute, c’est l’équivalent d’un camion-poubelle de plastique qui est déversé dans les océans, soit 8 à 12 millions de tonnes par an, et la promesse d’une « boucle fermée » peine à se concrétiser (Wings of the Ocean, 2023). Ce constat résonne d’autant plus fortement qu’au même moment, la troisième conférence des Nations Unies sur les océans vient de s’achever, le 13 juin 2025. Ainsi, il devient plus que jamais nécessaire d’aborder ces questions frontalement.
Recyclage mécanique et chimique : une circularité imparfaite pour les emballages plastiques
Le recyclage du plastique est l’un des plus complexes et des moins performants parmi les filières de traitement des déchets. Aujourd’hui encore, c’est le recyclage mécanique qui domine. Ce procédé consiste à broyer, fondre et reformer le plastique pour lui donner une nouvelle vie. Mais cette vie est rarement comparable à la précédente : la qualité du matériau recyclé est souvent inférieure, ce qui limite ses usages. À chaque cycle, une partie de la matière est perdue, les propriétés mécaniques se dégradent, et le plastique finit généralement en produit à moindre valeur (recyclage en boucle ouverte). En France, 25%........© Alternatives Économiques (Blog)
