Ne pouvant être présent à la rencontre du RUIESS qui se déroule à Lyon du 26 au 28 mai « L’ESS au travail ! Enquêter sur les pratiques de résistance, de transformation et d’émancipation » je voudrais mentionner comment enquêter sur les pratiques de résistances, de transformation et d’émancipation suppose de déborder les positions émanant d’une sociologie du travail traditionnelle.

Une certaine sociologie du travail d’orientation post-bourdieusienne[1] a pour caractéristique d’enfermer les acteurs comme les autres chercheurs dans une position où ils devraient s’autojustifier parce qu’ils idéaliseraient l’économie sociale et solidaire (ESS). Cette sociologie s’accord donc le monopole de la lucidité et ses travaux appréhendent l’ESS comme une illusion : elle dupe ses membres qui, engoncés dans leurs habitus petits bourgeois, pensent faire œuvre émancipatrice et ne remarquent pas à quel point ils participent au désengagement de l'État. Loin de présenter une alternative, l’ESS entérinerait donc la précarisation du travail. Des fonctions auparavant remplies par des fonctionnaires seraient confiées à des agents associatifs avec des emplois beaucoup moins protégés et rémunérés. L'ESS concourrait donc au retrait du service public. Travailleurs, bénévoles et salariés seraient à leur insu soumis à la logique néolibérale qu’ils pensent combattre.

Les principales faiblesses de cette sociologie traditionnelle sont d’ordre épistémologiques. Elles tiennent à la négation de toute capacité des acteurs à prendre conscience des situations dans lesquelles ils se trouvent. En cela, la sociologie critique prolonge les positions qui, depuis Platon, opposent le savoir du philosophe à l’ignorance du peuple, celles de la science classique qui séparent le sujet actif doté de connaissances de l’objet passif réduit au silence, relayées par le dédain de Bachelard à l’égard du sens commun, endossé aussi par........

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