Une crise démographique plutôt que boursière
EXPERT INVITÉ. C’est une thématique dont vous avez déjà entendu parler à de nombreuses reprises : la baisse de la natalité dans le monde. Oui, mais cette fois, c’est différent (ou pire). En effet, le taux de fécondité mondial vient d’atteindre son plus bas niveau depuis près de 60 ans. Comment en sommes-nous arrivés là, quelles sont les conséquences et comment investir (aujourd’hui) dans la thématique. Synthèse et analyse.
Le monde entre dans une phase inédite de transition démographique. Le taux de fécondité global, qui atteignait près de 5 enfants par femme en 1960, est désormais tombé à 2,2 selon la Banque mondiale, soit quasiment le niveau de remplacement.
Ce basculement s’est opéré en une soixantaine d’années, un laps de temps minuscule à l’échelle de l’histoire humaine. Les économies développées ont été les premières à franchir ce seuil, mais la tendance s’est rapidement diffusée à l’Asie, à l’Amérique latine et même à certaines régions d’Afrique.
Aujourd’hui, près de 74 % de la population mondiale vit dans des pays où la fécondité est inférieure ou égale à ce niveau critique.
Le phénomène n’est plus seulement occidental : l’Inde, désormais pays le plus peuplé du monde, est passée sous les deux enfants par femme, tandis que la Chine, le Japon et la Corée du Sud sont tous à des niveaux historiquement bas, parfois sous les 1.
Les États-Unis, avec 1,6 enfant par femme, connaissent eux aussi une tendance structurellement déclinante malgré une immigration positive.
L’Afrique subsaharienne reste la dernière zone où le taux moyen dépasse 4, mais la baisse y est rapide et uniforme. L’âge médian mondial est passé de 23 ans en 1980 à 32 ans en 2023, et atteindra 39 ans d’ici 2060.
C’est un tournant majeur : le moteur de la croissance n’est plus démographique mais productif.
La question paraît évidente, mais elle est centrale. La fécondité mesure le nombre moyen d’enfants qu’une femme aura au cours de sa vie, et diffère du taux de natalité, qui exprime le nombre de naissances pour mille habitants sur une période donnée.
Le seuil dit de remplacement, estimé à 2,1 enfants par femme dans les pays à faible mortalité infantile, représente le niveau nécessaire pour maintenir une population stable sans migration.
Au-dessus, la population croît naturellement ; en dessous, elle finit par décliner à terme. Mais la relation n’est ni immédiate ni mécanique : c’est le concept de «momentum démographique» qui explique que la population continue à augmenter pendant plusieurs décennies, même lorsque la fécondité passe sous ce seuil.
Les grandes cohortes nées durant les........
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