«L’écho des mots lointains ne s’éteint pas, si au relais, tu es là»
J’avais à peine 17 ans lorsque ces mots ont éclairé mes neurones d’une lumière incandescente toute neuve : « L’écho des mots lointains ne s’éteint pas / Si au relais, tu es là. » Avouez que cette illumination, gracieuseté de l’album Manifestif de Loco Locass, a tout ce qu’il faut pour éveiller un jeune au sens des mots, à leur poids et au pouvoir qu’ils prêtent à celui qui sait les enfiler les uns à la suite des autres pour se faire entendre, se défendre et lutter contre l’injustice.
On le voit venir depuis (trop) longtemps pourtant : notre culture québécoise s’effrite et se dissout sous nos yeux. Les jeunes ne regardent plus la télé d’ici. Ils n’ont pas abandonné la culture, ils ont juste tourné le dos à la nôtre : ils avalent du Netflix et du TikTok importés à la tonne. Et nous, qu’avons-nous fait pour stopper l’hémorragie ? Nous avons dormi au gaz, encore une fois. Selon le rapport sur l’Enquête québécoise sur les loisirs culturels et le divertissement, 4 % des jeunes de 19 à 25 ans consomment surtout de la musique d’artistes d’ici. Comme ce « 4 % » que l’on donne à tous ceux que l’on ne veut plus voir en leur disant « Tassez-vous de d’là » (merci pour celle-là, les Colocs !).
Il était bon d’entendre le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, se scandaliser de la chute radicale de la production de contenu télévisuel jeunesse et de tous les malheureux constats décrits dans ce rapport. Si seulement vous pouviez vous entendre entre vous, chers dirigeants, afin d’être plus cohérents en matière de communications, question de ne plus vous piler sur les oignons de pied et dédire ce que les autres ont dit........
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