Qu’y a-t-il dans un nom (de station de métro)?
A-t-on choisi de nommer une station de métro de la ligne verte « Saint-Laurent » pour honorer ce saint martyr chrétien mort sur le gril ? Une autre « Monk » afin de souligner la contribution à l’histoire de la ville de la communauté anglo-montréalaise ? Une troisième « Square-Victoria–OACI » parce que nos révolutionnaires tranquilles rêvaient de rendre hommage à cette défunte souveraine de l’Empire britannique et, surtout, à travers elle, à toutes les femmes de tête ?
Poser la question, c’est y répondre : les stations du métro de Montréal portent des noms de boulevards ou de lieux qui permettent aux usagers de savoir, par exemple, que la station Angrignon se situe à proximité du parc et du boulevard du même nom, et non pas de conserver la mémoire de cet illustre inconnu qu’est devenu, pour la très grande majorité des Montréalais, l’échevin Jean-Baptiste-Arthur Angrignon. Prendre ces noms de stations pour un homme, une femme, un Blanc, un Québécois de souche ou le représentant d’une quelconque communauté, c’est un peu, tel le Singe de la fable, prendre le Pirée « pour un nom d’homme » (voir La Fontaine, Le singe et le dauphin).
Les nouvelles stations de la ligne bleue, qui seront inaugurées autour de 2031, ne suivent plus, à une exception près, cette logique pourtant efficace qui consiste à « faciliter l’orientation des usagers et des usagères », comme le déclare la Société de transport de Montréal (STM) à propos du futur terminus, qui se nommera « Anjou ». La mairesse © Le Devoir
