Peut-on préférer «Autochtone» à «Amérindien» sans déprécier le second?
Évoquant sa réforme de l’enseignement du français, le ministre Bernard Drainville était content d’informer le public que le mot « Amérindien » serait remplacé par celui d’« Autochtone » dans la liste modernisée des 2700 mots que doivent savoir écrire les élèves de l’école primaire. C’est très bien. Mais pourquoi s’est-il senti obligé d’ajouter qu’« Amérindien » était un terme « péjoratif » ?
Reconnaître les mots péjoratifs, mélioratifs et neutres fait pourtant partie, je suppose, du programme de français de l’école primaire. Or, ce n’est pas parce que l’on ne considère plus « Amérindien » comme approprié pour désigner les premiers habitants du Canada, qu’il devient pour autant un terme « péjoratif ». La question du sens des mots, et de leurs nuances, est plus complexe que cela.
Ainsi, le terme « Autochtone », qui est préconisé actuellement, n’est pas, lui non plus, sans soulever son lot de problèmes. Le premier provenant du fait qu’il s’agit d’un nom commun, qui signifie : « Personne vivant sur le territoire habité par ses ancêtres depuis un temps immémorial » (définition du Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française). C’est pourquoi, quand on le transforme en ethnonyme en lui attribuant une majuscule, il serait préférable de préciser, selon le contexte, les « Autochtones du Québec », ou les « Autochtones d’Amérique du Nord » ou encore « les Autochtones d’Australie » ou… « de France ».
« Autochtone » soulève en outre........
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