La sémantique comme arme politique
Il ne pourrait s’agir d’une plus juste incarnation de cet adage latin selon lequel « si tu veux la paix, prépare la guerre » (si vis pacem, para bellum). Pendant qu’il répand autour du globe son désir ardent pour un prix Nobel de la paix — pour lequel il se croit très sincèrement qualifié —, le président des États-Unis, Donald Trump, signe un décret redonnant au département de la Défense le nom qu’il portait avant les deux guerres mondiales, le département de la Guerre. Rejetant le trop « politiquement correct » mot défense, il embrasse le mot guerre car, dit-il, « ça sonne mieux ».
Cette décision d’apparence anodine pourrait cacher une portée géostratégique considérable. Le retour au vocable belliqueux traduit une transformation de la conception américaine du pouvoir et de la diplomatie internationale. La neutralité sémantique en politique est un concept inexistant — et en géopolitique, encore davantage.
En remplaçant défense par guerre, le président américain envoie un signal clair sur ses intentions et sa place sur l’échiquier mondial. Aux........
© Le Devoir
