La politique française est aujourd’hui coincée dans un paradoxe apparent. Avec ses 11 groupes parlementaires, jamais l’Assemblée nationale n’a été aussi représentative de l’électorat. Et pourtant, jamais n’a-t-elle semblé si impuissante. Cette paralysie nourrit en retour l’incertitude politique et économique, et pourrait même alimenter des sentiments antidémocratiques. Les mobilisations sociales de septembre, comme « Bloquons tout », une grève générale qui a eu lieu le 18 septembre, et celle qui est prévue le 2 octobre, résonnent déjà face à cette paralysie.

Alors que le premier ministre, Sébastien Lecornu, n’a toujours pas nommé de gouvernement plus de deux semaines après sa nomination, peut-on dire que la France est complètement bloquée ?

La fin de la stabilité gouvernementale remonte à la dissolution inattendue de l’Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron en 2024. De 1958 à 2022, la longévité moyenne des premiers ministres était de 619 jours. Or, depuis le second mandat d’Emmanuel Macron, elle a chuté à 371 jours. Cela résulte de l’incapacité du camp présidentiel à former un gouvernement majoritaire, ni même un gouvernement minoritaire durable. Par conséquent, aucune force politique ne peut s’imposer suffisamment aux autres pour faire avancer ses intérêts.

Cette situation découle de la tripolarisation de la politique française survenue en 2022. Trois blocs coexistent désormais à l’Assemblée : la gauche, les macronistes et le Rassemblement national. Cette........

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