Au-delà de la peine d’amour, un filet social à rapiécer
Pour commencer, un peu de contexte. L’écrivaine Kim Thúy, dont l’âme est si belle et l’œuvre également, a exprimé dimanche à Radio-Canada sa « peine d’amour » envers le Québec. Arrivée il y a 46 ans et s’étant toujours sentie pleinement québécoise, elle affirme ressentir aujourd’hui un sentiment d’exclusion en raison du climat politique entourant l’immigration. Elle aurait même envisagé de quitter le Québec.
Son témoignage va droit au cœur et nous oblige à l’introspection. Je le reçois avec d’autant plus d’acuité qu’en 2011, j’ai fondé le Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ) en opposition à la direction prise à l’époque. Notre manifeste « Brisons l’impasse » était clair, il fallait refuser les divisions stériles, remplacer « la peur de disparaître » par « le désir de construire » un pays neuf. Je comprends donc intimement les cicatrices que certains débats ont laissées parmi nous.
Mais la situation d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier, ni même celle de l’époque où Mme Thúy est arrivée, en 1979. Le Québec qu’elle a connu et qui l’a si bien accueillie était différent. Le filet social était plus solide, les Centres d’orientation et de formation des immigrants constituaient des outils d’intégration puissants et nos services publics n’étaient........
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