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Deux défenses de la liberté d’expression

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24.09.2025

À l’image de tous les droits libéraux, la liberté d’expression est un droit contre-majoritaire. Dans le sillage des révolutions atlantiques, elle fut conçue comme une manière de protéger certains individus des désirs de la majorité et de l’État. Quand bien même ce que vous dites pourrait déplaire au grand nombre, vous avez le droit de ne pas être poursuivi pour l’expression de vos croyances — ou, comme le veut la formule attribuée à Voltaire, « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ».

Or, justement en tant que droit libéral, la liberté d’expression est aussi une revendication qui dépend des contextes : elle n’est pas revendiquée par les mêmes groupes selon que ceux-ci se trouvent en position de pouvoir ou de faiblesse. C’est ce qui explique le curieux renversement des rôles auquel nous assistons dans le sillage de l’assassinat de Charlie Kirk. Alors que c’étaient hier les conservateurs américains qui se voulaient grands défenseurs de la liberté d’expression contre la frilosité morale des démocrates, ce sont aujourd’hui les démocrates qui la revendiquent face à des conservateurs cherchant à limiter ce qui peut être dit au sujet de la mort de Kirk.

Ce revirement de situation nous permet de distinguer deux défenses de la liberté d’expression qu’on confond souvent dans la discussion publique, bien qu’elles comportent des conséquences pratiques importantes. La première défense, la plus rare et ardue, est de principe et authentique : pour ses partisans, dont je suis farouchement, la liberté d’expression est un bien en soi. Elle se borne à garantir la possibilité pour des........

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