Pour une école québécoise à l’abri des vents politiques
La nomination de Sonia LeBel comme ministre de l’Éducation en a surpris plusieurs. Dans un contexte où le gouvernement peine à regagner la confiance du milieu scolaire et où les projets lancés par son prédécesseur ont souvent été reçus avec scepticisme, ce changement suscite à la fois curiosité et attentes.
Il serait facile de rappeler son rôle au Trésor lors des récentes négociations du secteur public, qui ont mené à une grève historique. Mais nous choisissons ici une autre voie : espérer que son profil — marqué par la rigueur et une solide expertise financière — puisse être mis au service du bien public et de la stabilité du système éducatif. Nous osons ainsi espérer que ces compétences l’amèneront rapidement à constater ce que les milieux éducatifs vivent depuis des années : une précarité budgétaire qui freine l’action, génère de l’inefficacité et épuise les équipes. Cette réalité, comme personnes chercheuses en science de l’éducation proche du milieu de pratique, nous la constatons quotidiennement. Elle se traduit chaque jour, très concrètement, dans la vie des écoles, des familles et du personnel.
En effet, malgré le discours officiel voulant que les coupes ne touchent pas le soutien direct aux élèves, certaines familles en vivent les conséquences de plein fouet. Des parents dont l’enfant avait droit à 15 heures par semaine de soutien en classe ont reçu cet été une lettre annonçant que cette aide devait être retirée. À la rentrée, ces mêmes enfants reviennent chaque jour avec des notes dans leur agenda : « difficulté à suivre », « manque de concentration », « ne réussit pas à terminer ses........
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