Guy Rocher, le révolutionnaire tranquille
Personne n’a été surpris sans doute par le décès de Monsieur Rocher — je dis « Monsieur » Rocher, je ne me suis jamais autorisé à le tutoyer. J’imagine que tous ceux et celles d’entre nous qui l’avons connu gardent de lui de nombreux souvenirs, parmi desquels l’un émerge peut-être. C’est mon cas. Je me souviens comme si c’était hier d’une rencontre et d’une longue conversation avec lui, sa compagne, Claire-Emmanuèle, ma conjointe et moi dans la région de Charlevoix.
Cela se passait au milieu de l’été, il y a une quinzaine d’années, sur le terrain d’une jolie maison de campagne qu’un ami lui avait prêté. Nous échangions sous un beau soleil tamisé par un bosquet de tilleuls, tout près du village de Saint-Irénée, dont nous apercevions l’église et le clocher illuminé. Le temps était calme, le grand fleuve sommeillait tout près.
Nous avons parlé des premiers travaux de sociologie rurale — ceux de Charles-Henri-Philippe Gauldrée-Boilleau et de Léon Gérin, qui portaient sur le village de Saint-Irénée, justement. Il les connaissait bien, il les commentait très intelligemment en termes simples en faisant........
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