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La fabrique à itinérants

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18.09.2025

Il faut arrêter de se raconter des histoires. Chaque fois qu’une personne meurt dans la rue, les discours habituels ressortent : mauvais choix, dépendances, parcours de vie brisé. On met la faute sur l’individu, on réduit la tragédie à une fatalité personnelle. Mais cette fable est un mensonge commode, cela fait très longtemps que nous le savons, et pourtant…

Je suis bien désolé si je vous l’apprends, mais l’itinérance n’est pas le fruit de choix malheureux ; elle est fabriquée, entretenue et aggravée par nos choix collectifs. Nous sommes en train de normaliser (de plus en plus) la mort de nos concitoyens comme si elle était le prix à payer pour que le système roule.

Le gouvernement fédéral s’apprête à nous présenter un budget déficitaire qui pourrait frôler les 100 milliards de dollars. Une partie importante de ce gouffre s’explique par une hausse fulgurante des investissements dans l’industrie de l’armement. Comme si cela ne suffisait pas, afin que le Québec puisse contribuer à cette industrie de la mort — littéralement —, le gouvernement Legault a modifié les règlements d’emprunt de la Caisse de dépôt et placement. Résultat : les compagnies et La Caisse peuvent désormais accéder plus facilement à du financement pour ne pas « rater » cette nouvelle manne industrielle. Une manne qui permettra, entre autres, de raser Gaza plus efficacement et de préparer de futurs massacres.

Voici donc les priorités : investir sans compter pour perfectionner les machines à tuer, mais compter chaque sou quand il s’agit de construire du logement social ou d’éviter la mort d’un citoyen dans la rue.

En 2024, les chiffres sont indéfendables. À Toronto, 135 personnes en situation d’itinérance sont mortes dans les six premiers mois de l’année. C’est cinq vies fauchées par semaine dans une ville riche, dans un pays qui se targue d’être « inclusif » et « progressiste ». À Montréal, des vigies se multiplient pour commémorer les décès, parce que la liste s’allonge trop vite. Ces morts n’ont rien de........

© Le Devoir