Qui doit fixer les limites de la liberté d’expression?
Sans tambour ni trompette, un tonitruant concert de protestations a étouffé la tournée canadienne du controversé chanteur et prédicateur américain Sean Feucht. En dépit de la tonalité indigeste de son message, le mouvement de censure à son encontre s’est produit d’une manière préoccupante.
L’œuvre de Feucht, si l’on peut parler ainsi, est dépourvue de mérite — et ce n’est pas parce que le chanteur abuse du banjo dans ses performances. Figure notoire de la droite évangélique, supporteur du trumpisme et candidat déchu aux primaires de 2020, Feucht véhicule des idées dérangeantes, à mi-chemin entre le prosélytisme religieux rétrograde et la théorie du complot. Il a notamment associé la communauté LGBTQ au satanisme, une variante de la théorie complotiste qui met d’habitude les démocrates dans le camp des pédophiles diaboliques. Il s’est aussi prononcé contre le droit à l’avortement, qualifiant ses partisans de « démons ». Il plaide même pour la fusion de l’Église et de l’État, un thème récurrent au fil des siècles pour les fondamentalistes de tout acabit.
On en rirait, si ce n’était de la montée persistante de ces voix extrémistes dans le débat public, en particulier aux États-Unis, où les idées les plus folles reçoivent l’adhésion des élus au sein du camp républicain.
Dans le cadre de sa tournée canadienne, Feucht aurait beuglé ses âneries........
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