Comment rendre les interdits acceptables
L’analyste Georges Mercier critique les surenchères politiciennes au sujet de la laïcité et déplore qu’on se borne à la penser dans son sens négatif, mais rarement dans son sens positif.
Si la Loi sur la laïcité de l’État adoptée en 2019 ne fut pas suffisante, on peut douter que la rendre plus contraignante aide véritablement les choses.
À force d’en entendre parler, on pourrait croire que la laïcité a toujours été au cœur du débat public québécois. Ce n’est pas le cas. De la fin de la Révolution tranquille au milieu des années 2000, le Québec s’est contenté d’être laïque sans ressentir le besoin de l’inscrire dans ses lois. La religion se tenait loin de l’État, l’État se tenait loin de la religion.
Bien avant d’être une loi, la laïcité fut quelque chose comme un mode de vie pour la très vaste majorité des Québécois.
Selon le récit habituel, l’arrivée de populations nouvelles nous aurait conduits, à la suite de la « crise » des accommodements raisonnables et de la commission Bouchard-Taylor, à baliser la place de la religion dans l’espace public. Ces populations, dit-on, nous auraient confrontés à d’autres compréhensions du religieux hostiles à la laïcité routinière que nous avions adoptée jusqu’alors. À partir de ce moment, la laïcité a été transformée en rempart : elle viserait désormais à protéger le « modèle québécois........
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