La (courte) victoire de Mark Carney, le gentleman-cambrioleur
C’est un art. Subtiliser un bijou, voire tout un collier, avec élégance. Il est encore plus remarquable de le faire à la vue de tous, et de n’en point subir le moindre reproche. Arsène Lupin est le personnage de fiction qui se rapproche le plus du nouveau premier ministre canadien, Mark Carney. En plus de ravir son butin sans afficher la moindre agressivité, Lupin sait séduire ses victimes avec un mélange d’intelligence et d’humour.
Dans une série de nouvelles, Lupin prête main-forte à l’inspecteur Béchoux. L’inspecteur se méfie et réclame de Lupin, s’il trouve la clé de l’énigme, qu’il ne parte pas lui-même avec le butin. Lupin se plie volontiers à cette exigence, mais réussit à dérober autre chose. Dans la dernière aventure de cette série, c’est la jeune et ravissante conjointe de l’inspecteur Béchoux que Lupin ravit — dans les deux sens du terme.
Le degré de difficulté n’était pas moins élevé pour le quasi-inconnu qu’était Mark Carney il y a quelques mois encore. Il fallait d’abord que, depuis l’ombre où il était tapi, lui soit offert le trône libéral. C’est en restant immobile qu’il porta à Justin Trudeau un coup fatal. Ce dernier a commis l’impair de virer sa ministre des Finances, Chrystia Freeland, sans s’assurer que Carney allait prendre la relève. Carney laissa Trudeau choir sur sa propre gaffe, puis sortit de la coulisse au moment même où Donald Trump changeait le sujet de la conversation politique canadienne.
L’ex-gouverneur de deux........
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