Henri Peňa-Ruiz : "Dix ans après, soyons fidèles à 'Charlie' et à la mémoire de son courage !"
C’était à Paris il y a juste dix ans, dans la nuit du 7 janvier 2015, place de la République. Le deuil faisait vaciller les flammes de dizaines de bougies installées sur le piédestal de Marianne. Comment dire l’accablement qui nous submergeait, la détresse qui se lisait dans tous les yeux ? Comment raconter l’impossibilité de formuler la moindre parole, qui aurait semblé dérisoire ?
Nous étions consternés, dévastés par le crime immonde des frères Kouachi. Le fanatisme religieux venait d’anéantir nos camarades. Pour un dessin satirique, une rafale meurtrière de mitraillette ! Cabu, Charb, Honoré, Maris, Tignous, Wolinski n'ont jamais confondu le respect de la liberté de croire, conquis par l'émancipation laïque, et le respect des croyances elles-mêmes.
Ils ont su qu'on peut critiquer, voire tourner en dérision une religion, quelle qu'elle soit, et que ce geste n'a rien à voir avec la stigmatisation raciste d'une personne en raison de sa religion. Ils ont pratiqué la laïcité, sans l'affubler d'adjectifs qui attestent une réticence hypocrite. Ni ouverte ni fermée, leur laïcité avait l'évidence de leurs dessins. Ils savaient que l'indépendance des lois communes à l'égard de toute religion est la condition des libertés comme de l'égalité, mais aussi celle d'un cadre commun à tous, capable d'unir sans soumettre. Ils savaient, comme le rappelle Pierre Bayle, qu'il n'existe de blasphème que pour ceux qui vénèrent la réalité dite........
© Marianne
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