Vogue la galère
« La vie n’est pas un long fleuve tranquille. » Cette expression courante en français, qu’on me sert depuis l’enfance pour me prévenir des défis et des obstacles que l’on peut rencontrer durant toute une vie, m’est revenue en tête cette semaine. Je suis Québécoise et, à ce titre, la citation m’a toujours paru étrange. Quel long fleuve est véritablement tranquille sur Terre ? Le Mississippi, l’Amazone, le Nil, l’Euphrate ou le Mékong, peut-être ? J’avoue ne rien connaître à la géographie fluviale. La seule chose que je sais, c’est que le Saint-Laurent, le majestueux fleuve qui coule dans mon pays, n’a rien de tranquille. Il est plutôt puissant, fougueux et imprévisible avec ces hauts-fonds ou sa glace qui casse à la débâcle, au point qu’y naviguer n’est pas pour les débutants.
Alors, s’il me fallait choisir une métaphore de navigation pour parler de la vie, je crois que je choisirais plutôt « Vogue la galère ». J’aime cette idée qu’occasionnellement il faut savoir lâcher le gouvernail et se contenter d’espérer que la mer finira par se calmer à un moment donné. Selon les périodes de nos vies, parfois on navigue sur un élégant trois-mâts, qui fend les vagues avec assurance et une impressionnante vélocité. À d’autres moments, on est sur un petit dériveur qui avance doucement, mais sûrement. Quelquefois, même, on rame sur une vieille barque trouée et on avance péniblement en écopant.
Et puis, il y a ces........
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