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La jungle, une chronique à quatre mains

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21.01.2025

Je lui demande s’il est d’accord avec les résultats préliminaires publiés cette semaine par le groupe de recherche GRIS.

Il me demande d’abord : « Vas-tu le mettre dans ta chronique ? » Je réponds par l’affirmative en ajoutant que, s’il le souhaite, « on peut l’écrire ensemble, cette chronique ». Nous sommes un soir de semaine, sur un janvier qui fait nuit, et nous discutons de la « jungle du secondaire », selon ses propres mots. Le ton est léger, le repas prend des airs qui me font plaisir, puisqu’il s’étire. Les enfants le savent, m’agacent avec ce reste d’Européenne qui me traîne dans le sang et les souvenirs : les repas, c’est fait pour s’asseoir longtemps, manger lentement et se dire des choses importantes, comme « comment tu vas ? ».

Je suis à cet âge surprenant où ces rituels qui me pesaient enfant sont devenus sacrés et où c’est moi, maintenant, la « daronne » qui traverse l’adolescence de son enfant en acceptant régulièrement de me faire lire jusque dans mes racoins les plus sombres, de me faire placer devant mes incohérences nombreuses et de me faire enseigner la juste distance à tenir dans le lien. Il me semble que c’était hier où c’était moi qui levais les yeux au ciel devant le cirque si apparent de la vie adulte, moi qui avais cette impression de tenir la vérité, de la « ressentir », violemment parfois. C’était hier, oui, mais maintenant, c’est aussi moi qui, depuis la maladie, me rappelle souvent que je suis simplement chanceuse d’être encore une mère pour eux, vivante, là pour les embêter aussi.

Du haut de son expérience des 18 derniers mois en territoire d’école secondaire, il veut bien me dire ce qu’il pense de notre supposée évolution........

© Le Devoir