L’aide oubliée
L’événement a été rejeté dans l’ombre, dans nos médias, par le tournant autoritaire et destructeur à Washington et ses effets perturbateurs sur le commerce et la géopolitique, par le drame en Ukraine et les convulsions stratégiques européennes.
Mais la hache dans l’aide publique au développement par les pays occidentaux, symbolisé par la fermeture brutale de l’agence américaine USAID, a des effets dramatiques et immédiats. Le 20 janvier au matin, littéralement du jour au lendemain, l’agence a cessé net ses transferts financiers à des milliers d’organismes de terrain qui comptaient sur cet argent pour leurs activités immédiates.
En Afrique du Sud et au Kenya, des cliniques de prévention ou de soins du sida ont fermé. Au Yémen, les agences étrangères ont suspendu les opérations de déminage. En Thaïlande, des hôpitaux frontaliers désormais fermés refoulent en masse des réfugiés myanmarais. En Haïti, Konbit Santé, une ONG américaine, a cessé de prodiguer des soins prénatals et néonatals. À Khartoum, la capitale du Soudan à moitié démolie par une guerre de deux ans, les soupes populaires qui nourrissaient près d’un million de civils sont forcées de fermer.
Dans la foulée des États-Unis, des pays comme le Royaume-Uni et la France ont annoncé des baisses de leurs budgets correspondants. Si la situation budgétaire est difficile dans les pays du Nord, elle l’est encore plus dans les pays du Sud.
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Il y a beaucoup de bonnes raisons de critiquer l’aide publique au développement (APD). La bureaucratie, les voyages, les salaires aux permanents et les abus ont pu........
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