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Résister, ça s’apprend (2)

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18.04.2025

Je participe aux consultations et aux sessions du Forum des Nations unies pour les personnes d’ascendance africaine depuis 2019. Il rassemble des défenseurs des droits de la personne d’un peu partout dans le monde — mais particulièrement des Amériques. De retour cette semaine au siège de l’ONU, à New York, j’ai tout de suite senti que quelque chose avait changé. Les activistes des États-Unis n’ont jamais été aussi… tranquilles. Trop tranquilles. Dieu seul sait pourquoi, mais le diable s’en doute.

Je m’assois avec Krys Cerisier, étudiante en journaliste à CUNY (City University of New York), résidente du Bronx, d’origine haïtienne et panaméenne. Pourquoi cette ambiance ? La peur, bien sûr. Particulièrement à New York. Si une personne n’est pas elle-même immigrante, alors une partie de sa famille ou de ses proches sont des immigrants. L’effet dissuasif des politiques de Trump se fait donc sentir sur toute la ville — et particulièrement dans les campus. Vu la surveillance grandissante des réseaux sociaux, Krys me confie que les gens commencent déjà à prendre l’habitude de limiter les discussions politiques qui laissent des traces écrites.

Sharif Shafi, un aîné du Maryland qui milite pour les droits civils depuis des décennies, me livre un son de cloche similaire : « Plusieurs Afro-Américains présents aujourd’hui au Forum ne souhaitent pas nécessairement s’asseoir à l’avant, ou prendre la parole… mais ils raconteront à leur entourage ce que d’autres ont dit. » Ronald Claude, du Black Alliance for Just Immigration, va plus loin : « Plusieurs chercheront à laisser passer la vague, en quelque sorte, au moins jusqu’aux élections de mi-mandat [de novembre 2026]. » Selon lui, les organisateurs........

© Le Devoir